Smala Cinéma
Le partenariat avec Smala cinéma s’est imposé de lui-même lorsque nous avons décidé de faire un film d’animation intitulé Le voyage d’Emir en Orient. La réalisation de ce film prendra deux ans puisque ce sont les ateliers du mercredi qui mèneront à terme ce projet.
Smala cinéma nous procure tout le matériel nécessaire; banc titre, ordinateurs, prise de son, spots etc…Une équipe de 4 personnes et Camille Fontenier accompagne les animateurs et les enfants pour la réalisation du projet. Les enfants ont créé les décors, les personnages, ensuite ils ont appris à filmer les séquences mouvements après mouvements. Durant le voyage avec l’Orient Express, Emir découvre le monde et rencontre des personnages mystérieux.
Pendant quelques mois nous nous sommes documentés sur les différents sujets abordés, cela a permis aux enfants de travailler sur le tri des informations écrites, en visionnant des documentaires ou en allant voir des expositions.
Le choix du voyage en Orient n’est pas anodin, c’est un hymne à la beauté du monde arabo- musulmane. Nous voulions qu’ils découvrent l’âge d’or de la civilisation qui fait partie de leur patrimoine culturel. Un voyage pour faire tomber les préjugés en apprenant ce que le monde occidental doit au monde arabe en explorant les arts, les sciences, la musique et l’architecture. C’est une façon ludique et pédagogique de revaloriser leur culture et l ́occasion de leur donner plus d’estime de soi.
Les enfants, les animateurs et les artistes venus de l’extérieur ont travaillé avec passion, découvrant tous ensemble un monde méconnu et/ou oublié.
Une histoire à dormir debout … « Le voyage d’Emir en Orient » :
Emir, un petit enfant de 12 ans du quartier la Roue s’endort sur la musique de Tarabella. Emir s’embarque sur l’Orient express pour un long voyage féérique et plein de découvertes… mais avant il doit passer une épreuve, le labyrinthe d ́Escher.
Le labyrinthe d’Escher
Maurits Cornelis Escher, né à Leeuwaeden en 1898 et mort à Laren en 1972. Escher est un grand dessinateur néerlandais, il est aussi architecte et s’intéresse de près aux mathématiques. De nombreux artistes se sont inspirés de ses dessins dans des films d’animations.
Sur le quai, Emir prend son ticket, il entre dans le train et tombe dans un labyrinthe…Emir erre dans l’espace clos dont on ne peut sortir qu’en tirant sur le fil d’Ariane, ici le fil d’Ariane sera le savoir mathématique arabe; l’algèbre, la troisième dimension, le zéro, et les chiffres indiens. (C’est le passage d’Emir du réel aux rêves).
Istanbul et Sainte-Sophie
En sortant du labyrinthe, son voyage commence, il fait une première escale à Istanbul, où il rencontre un guide. A deux ils déambulent à travers la ville. Au fil de l’histoire, Istanbul s’appelait d’abord Byzance sous les grecques, ensuite Constantinople sous l’empereur Romain Constantin et pour finir Istanbul sous Mehmet II. Il visite la grande mosquée Sainte-Sophie, il apprend comment Sainte-Sophie est devenue une mosquée avec l’expansion de l’Islam. Les arabes ne détruisaient pas les églises mais les transformaient en ajoutant des minarets et couvraient les images chrétiennes par la calligraphie. Deux types de calligraphies présentent dans le décor sont la cursive et la Koufique (nom de la ville Koufa en Irak). Les carreaux sont ornés d’arabesques, de dessins végétaux. Les arcs, les dômes et les coupoles sont hérités de la civilisation perse. Cette architecture se retrouve en Espagne via l ́expansion musulmane.
Bagdad et les sciences arabes
Les sciences arabes se sont épanouies en terres d’Islam entre les VIIIe et XIIIe siècles et ré- pandues par le biais d’une langue écrite peu à peu enrichie dans tout l’empire arabo-musulman, pendant « l’Âge d’or islamique ».
Des traductions, accompagnées de lectures critiques, de la quasi-totalité des ouvrages de l’Antiquité gréco-romaine ont couvert les domaines de la physique, des mathématiques, de l’astronomie, de la géographie, de la botanique et de la médecine. La langue arabe a joué le rôle de langage universel en science pendant plusieurs siècles. L’adjectif « islamique » désigne le cadre culturel dans lequel ces nouvelles sciences sont nées et se sont développées, en grande partie grâce à la bibliothèque de recherche de la maison de la sagesse de Bagdad, fondée par le calife Al-Ma’mûn, 6[…].
Emir s’arrête à Bagdad et rencontre Samia, médecin, qui va lui faire découvrir le monde des sciences et du savoir…
L’alchimiste
L’Alchimie ou El-Kimiya, à l’époque médiévale, est la transformation des métaux quelconques en or dans le but de trouver l’élixir pour guérir les maladies et donner l’immortalité. Les métaux les plus utilisés sont: l’or, l’argent, l’étain, le cuivre, le fer, le mercure et le plomb. Les savants ont fait progresser la chimie en tant que science expérimentale en fabricant des encres, des pigments, des solvants, des dégraissants, du parfum, du savon etc…
Ce sont ces mêmes savants qui ont traduit les textes grecs en arabe et de l’arabe en latin.
Elixir vient de l’arabe el Iksir = essence, qui vient du verbe arabe kasara = rompre, broyer, fragmenter. Préparation à base de sirop et d’alcool.
La médecine :
Les arabes mettent au point une anesthésie avec éponge. Ils inventent le concept d’hôpital public où l’on trouve une pharmacie et des services comme l’ophtalmologie, l’obstétrique. Ils y enseignent aussi la médecine.
Les conquêtes arabes:
Les villes conquises sont, à partir du sud: La Mecque (conquise par Mahomet à partir de Médine), Jérusalem, Damas et, à l’ouest, Cordoue (en Espagne).
En parcourant la carte d’est en ouest on découvre les villes fondées par les conquérants arabes: Bagdad (en Irak), Le Caire (en Egypte), Kairouan (en Tunisie). Les batailles marquant l’arrêt de l’expansion arabe sont, à l’ouest, Poitiers (732) face aux Francs, au centre Constantinople (718) face aux Byzantins, à l’est Talas (751) face aux Chinois.
Les peintres orientalistes
Emir poursuit son voyage, les paysages défilent sous ses yeux et l’hypnotisent. Il traverse le wagon et rencontre un drôle d’artiste… Un peintre orientaliste !
Les peintres orientalistes datent du XIXe et XXe siècle. Ils recherchent l’exotisme très prisé dans les salons de la bourgeoisie et de la noblesse. Leur influence est universelle. Les sources de l’Orientalisme commencent avec Bonaparte au XVIIIe siècle visitant les pestiférés de Jaffa en Palestine.
Eugène Delacroix découvre la lumière du Maroc, de l’Algérie et de l’Espagne, dans ses carnets de voyage il peint les costumes, les paysages, l’architecture.
Gustave Guillaumet est animé d’un profond désir de connaître la vie orientale. Il a un attrait particulier pour le désert et les longues colonnes de caravanes du Sahara. Il partage l’habitat avec les berbères. Il est aussi ébloui pas la lumière qui contraste avec la grisaille des pays industrialisés. Certains peintres orientalistes ne sont jamais allés en Orient et leurs tableaux sont basés sur des récits plus ou moins emprunts de contre-vérités (par exemple mauvaise datation historique ou 4 pays dans le même tableau).
Alexandrie et son marché
Emir fait escale à Alexandrie. Son nom vient d’Alexandre le Grand qui a construit la ville au IVèsiècle avant J-C. Architecturalement, elle est configurée comme un damier (rues perpendiculaires les unes aux autres). Son phare est considéré comme la septième merveille du monde. Foyer d’échanges commerciaux, Alexandrie ville cosmopolite, est appelé « la perle de la méditerranée. »
Les enfants ont découvert l’origine de certains fruits et légumes qui ont été transmis en Occident; orange, citron, artichaut, oignon etc… En travaillant sur le marché, ils ont aussi appris l’origine de certains mots arabes passés dans la langue française; kawa, limonade, safran, sirop, coton, satin, sarwel, tambour pour ne citer que quelqu’uns.
La musique arabo-andalouse
Emir rencontre des musiciens arabo-andalous qui lui expliquent différents instruments d’origine arabe ; le Oud, le Ney, la Darbouka.
La musique arabo-andalouse est l’héritière de la musique arabe transmise de Bagdad, à Cordoue et à Grenade. Cette musique vient de tradition orale qui, au départ, alterne instrument et voix. Les influences sont nombreuses notamment venant de Perse, de Grèce et aussi d ́Anatolie et de l ́Inde.
C’est grâce au musicien Abou EI Hassan Ali Ben Nafiq dit Ziriab (789 à Bagdad – 857 à Cordoue) que la musique arabe-andalouse s ́est répandue d ́abord en Espagne, ensuite dans les Balkans.
Abu Al-Hassan Ali ben Nâfi, dit aussi Ziriab (ou bien Zyriabou Ziryab ce qui signifie Oiseau noir), né à Bagdad en 789 – mort à Cordoue en 857, est un poète et musicien d’origine kurde. Chanteur, il mit au point les techniques poétiques et vocales tel le Muwashshah ou Zéjal qui donnèrent bien plus tard naissance au flamenco. Compositeur, il créa un millier de poèmes mélodiques qui seront joués et chantés en Andalousie et dans tout le bassin méditerranéen. il assimile les musiques du Nord, les romanceros profanes, les musiques religieuses chrétiennes comme le chant grégorien qu’il transposera dans le malhoun. Musicien précis, il codifia le chant, limitant les improvisations. Pédagogue, il fit travailler ses élèves en les initiant à la pratique des vocalises. Tous les chercheurs sont unanimes, l’arrivée de Zyriab a complètement changé l’histoire de la musique arabe dans l’Ouest du monde musulman 8.
Karime explique le 1/4 de ton en musique arabe qui n ́existe pas en musique occidentale
La musique occidentale
Emir découvre la musique occidentale à travers le Prelude de Johann Sebastian Bach. En s’appuyant sur le morceau Frère Jacques de Jean-Philippe Rameau on apprend aux enfants la lecture des notes et les termes comme le contrepoint, la fugue et l’octave. Avec un grand intérêt, ils apprennent à jouer et arrivent à percevoir comment la mélodie de Frère Jacques se superpose et se décale dans le temps.